Luxembourg... Belgique... Cultures et agricultures

Publié le par traitdunionclm

 

Le Luxembourg, nous l’avions rencontré le 9 mars dernier, au cours d’une journée qui avait commencé dans la brume... Nous en avions alors découvert les coteaux escarpés plantés de vignes le long de la Moselle. C’est là que nous avions retrouvé Ségolène qui, comme de nombreuses personnes, travaille au Luxembourg en habitant dans le pays frontalier (l’Allemagne dans ce cas-ci).

 

Lors de notre pause à Trier (Trèves), nous en avons appris un peu plus sur le pays.

Tout d’abord, il ne faut pas confondre le (Grand-Duché du ) Luxembourg = l’Etat, avec Luxembourg-Ville = la capitale, et la province du Luxembourg en Wallonie (partie Francophone de la Belgique) collée au petit pays. Ensuite, bien que très petit, les natifs ont leur langue propre : le Luxembourgeois. Néanmoins, étant donnée la situation géographique et l’attraction pour le travail qu’a cet Etat, le Français et l’Allemand sont aussi langues officielles. Nous avons aussi goûté aux saveurs locales et apprécié la chaleur de tablée d’amis.

 

En ce matin du 13 mars, nous avons repassé la frontière et suivi la Sûre (Sauer) jusqu’en « Petite Suisse Luxembourgeoise », région de Moyenne Montagne, aux flancs forestiers, aux vallées habitées et agricoles dans les parties les plus « ouvertes ».

 

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A la fin d’une agréable journée ensoleillée sur une jolie piste cyclable, nous nous arrêtons comme de coutume pour chercher une grange qui accueillerait nos deux tentes.

Nous rencontrons Fernand, qui était sur le point d’amener du fourrage à ses 24 vaches. Après avoir discuté avec lui en allemand près du tas d’ensilage, il nous conduit finalement jusqu’à sa ferme... C’est la ferme familiale qu’il a reprise et il y travail seul depuis que sa mère est à la retraite. Sa femme est institutrice et plusieurs de leurs amis ont aussi cette structure de couple... Tous deux partagent un peu de leur quotidien et leur histoire avec nous ... dans un français parfait !! Une belle soirée où le soleil brille dans les coeurs et où les fous-rires sont partagés.

 

Le 14 mars, après les pentes douces des vallées, nos jambes et esprits s’affrontent aux montées ardennaises... Nous avons l’ impression de ne faire que monter... Mais en fin de journée, victoire ! La Belgique !!! Au revoir Luxembourg, bonjour 22èmepays de l’UE !

 

Et même que c’est fidèles à leur réputation que les Belges accueillent les nouveaux arrivants avec une Brasserie d’un côté de la route, et de l’autre, la « Friterie de la Douane » !!

Nous apprendrons par la suite que « Baraque Fraiture » c’est même le nom d’un des points culminants du pays non loin de là ! (c’est donc pour cela que ça montait...).

 

 Friture

 

De la Terre aux Idées

 

Nous voici en Wallonie... direction Bruxelles !

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En chemin, nous faisons la rencontre des Blancs Bleus Belges, race de vaches sélectionnées pour la production de viande... telle que la « réclame »  « le consommateur ». C’est-à-dire musclée, maigre et avec de « beaux morceaux » qui étaient fort appréciés il y a encore peu de temps... Sauf qu’aujourd’hui l’essentiel de la viande part en steak hachés dans les grandes surfaces, les bouchers se font de plus en plus rares (par faute de consommateurs), les animaux ne peuvent plus mettre bas que par césarienne sous peine d’étouffer leur petit autrement...BBB

Les notions de qualités, rentabilité, valorisation sont remises en cause. Les éleveurs ne s’y retrouvent plus, les consommateurs ne savent plus... Il y a de quoi s’interroger et ce de façon plus large sur l'agriculture...

Finalement, qui définit la demande ? Est-ce bien « le consommateur » ? Dans quelle mesure est-il conscient de ses choix et de leur influence sur la production ? Comment est-il lui-même orienté dans ses choix ? Les agriculteurs peuvent -ils et/ou doivent-ils s’adapter à la demande ? Existe-t-il des limites (éthiques, financières...) à l’adaptabilité que doivent avoir les producteurs ? Qui retire un intérêt à cette étrange situation ? Tant de questions qui nous taraudent et se précisent à mesure de ce long voyage...

 

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Face aux nombreuses incohérences du système dans lequel nous sommes tous englués et en particulier les agriculteurs, certains choisissent d’essayer d’autres options telles que des formes d’agricultures alternatives ou de diversification de leur activité (par de l'accueil pédagogique notamment).brebis 16

Communiquer. Comprendre et se comprendre. Nous relier en tant qu’êtres humains avec nous-même, avec les autres et en particulier avec ceux qui nous nourrissent, mais aussi chacun de nous avec ce que nous mangeons, ce que nous cultivons, les animaux que nous élevons...

Cela semble d’actualité si nous voulons avancer dans un monde un peu plus cohérent, porteur de davantage de sens.

 

Ce sont des retrouvailles chaleureuses et de belles discussions que nous savourons lors d’une halte chez une amie et sa famille, aux alentours de Liège.

Cela nous permet aussi d’appréhender encore autrement le « mystère belge » Flamand-Wallon et leur « Frontière Linguistique »... entre blague et discrimination, cette différence soude ou divise selon les cas.

Nous profitons aussi de cet arrêt pour préparer la suite...

 

La suite c'est aller voir à Bruxelles...

Comprendre le fonctionnement de nos institutions européennes avec le regard acquis pendant ce voyage, et ramener les messages des personnes (majoritairement agriculteurs) rencontrés depuis octobre 2010, sur les chemins agricoles de l’UE... nous en avions l’idée depuis longtemps. La volonté croissante de réaliser cela, ainsi que la chance de parvenir à trouver des interlocuteurs nous permettaient de concrétiser ce projet.

Aussi, il nous restait à préparer ces rendez-vous, à « préparer Bruxelles » comme nous nous le disions entre nous. En février, nous commencions le travail méthodique d’extraction des informations agricoles de nos cahiers de bord... La synthèse prend maintenant forme et c’est un bien triste constat que nous amenons. (Paroles d’agriculteurs et de rencontres...) Ce sont des mots qui parlent des difficultés de vivre (de) ce métier ; de l’envie de continuer pourtant, à produire notre alimentation de tous les jours ; finalement, des difficultés d’être pris entre le marteau et l’enclume d’une société de marché où l'argent a plus de valeur que notre principale source d’énergie (et de plaisir partagé) : l’alimentation.

C’est un bilan inquiétant et pourtant porteur d’espoir, car partout nous rencontrons la passion du métier, l’envie de transmettre, l’innovation et la créativité, ainsi que la bonté et la volonté de bien faire...

 

C’est en train que nous entrons dans la ville et même par la cave de la gare, ouverte par un « Passe-partout » souriant, ayant accès aux clefs des ascenseurs de service.

Il nous reste à trouver nos amis-hôtes de cette escale, dans le dédale de la ville...

 

Des rendez-vous lundi, mardi et mercredi lors desquels nous transmettons de notre mieux nos impressions de voyage agricole et remettons le recueil de paroles que nous avions préparé... Nous comprenons différemment le fonctionnement institutionnel de la lourde organisation de l’UE, en particulier sur le plan agricole et rural.

Dans la machinerie très compliquée de prise de décision à plusieurs, les choses ne peuvent avancer que très doucement sous la pression d'intérêts contradictoires. Nous avons eu le plaisir de rencontrer des personnes de structures consultatives ou décisionnaires, qui mettent toute leur énergie pour favoriser un développement agricole et rural durable, où le respect de l’être humain et par conséquent de son environnement au sens large seraient une évidence...

Ce sont aussi les conclusions de personnes de la FAO, de l’ONU et d’autres structures lors d’une conférence à laquelle nous avons eu le plaisir d’assister. C’est donc à une échelle mondiale que les consciences s’éveillent peu à peu et dénoncent injustices et inégalités d’un monde où la loi serait l’argent.

 

En repartant de la bruyante et urbaine capitale européenne, nous avons le sentiment que toutes les échelles d’action sont effectivement importantes... Mais également que c’est bien au quotidien, chacun dans ses choix de vie, de qualité de relations et d’alimentation que nous pouvons faire pas à pas avancer notre monde. Un monde dans lequel l’être humain serait de plus en plus adulte, conscient et responsable de ses actes.

 

Nous voici bien philosophes et graves vous dites-vous peut-être, c’est que l’on ne sort pas indemnes du poids de la transmission des paroles et des vécus... Mais ne doutez pas qu’entre ces constats et réflexions qui nous animent, nous avons gardé un brin de folie qui continue d’alléger nos journées... Connaissez-vous par exemple le Choucre Royal ? animal à la croisée du Bovin et du Cervidé, et qui aurait semble-t-il au Luxembourg des liens de parenté avec le Dahut des Alpes. (Très recherché pour la viande parfumée, Maud et Stein ont réussi à se procurer un des rares tableau de chasse de cet étrange animal)...

 

Belgique

 

Bienvenue en Flandres !

Nous sortons de la « zone limitrophe », sorte de zone franche où s’installent les couples mixtes, et de l’enclave bruxelloise où le français est langue courante, pour remonter davantage dans les Flandres.

 

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De ce côté-ci de la Belgique, il y a de nombreux vergers (pommes et poires notamment) et de grands champs cultivés souvent de pommes de terre et de betterave à sucre. Mais en roulant dans les villages-route qui se touchent presque tous, nous constatons aussi qu’avoir un potager familial et quelques poules est encore courant. Les chevaux semblent occuper une place importante dans la vie des locaux : écuries, pâtures, wagons à chevaux attirent partout notre regard.

...Les Flamands nous accueillent à bras ouverts dans leurs garages et leurs maisons et nous saluent l’oeil humide au moment du départ... Et nous repartons le coeur gonflé vers d'autres contrées...

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M
Le Choucre Royal vous salue !...du haut de son perchoir...à l'affût de tout ce qui se passe dans notre living :-)<br /> <br /> Bon vent et bonne route les Pédaleuses !<br /> <br /> Maud & Stijn
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C
Ola, ça faisait longtemps que je n'étais pas revenue lire... et que ça fait du bien...même si c'est aussi "dure" de se remettre un peu dans ces problématiques agricoles et philosophiques que j'ai<br /> un peu laissées depuis quelques temps...mais pour mieux y revenir j'espère dans quelques mois.<br /> C'est toujours un plaisir de vous lire et l'envie de discuter de tout cela avec vous reste bien présente, peut-être un peu plus à chaque article ;-)<br /> Bonne route les filles, grosses bises
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S
très belle carte du Luxembourg, je la montrerai à mes collègues!<br /> Bonne route au Royaume-Uni!<br /> bises et bon courage par le temps qu'il fait!
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